Ce qui a commencé comme une blague créée par des garçons qui se moquaient
de leur prof est devenue une des pièces absurdes les plus connues dans le
monde. Ubu Roi a fait manifester
violemment le public de Paris, et alors c’est normal et logique que la
mise-en-scène de cette œuvre soit bizarre et semble illogique.
Alfred
Jarry et ses amis de lycée ont créé le personnage de Père Ubu après un certain
M. Herbert leur prof. Ses amis ont fini par abandonner la blague, mais Jarry a
passé des années à parfaire l’œuvre Ubu
Roi avec ce personnage, et en fait il a écrit deux autres pièces avec Père
Ubu qui n’étaient jamais assez parfaites pour lui et n’ont pas été pas jouées
pendant sa vie. Ubu Roi est une
parodie des tragédies classiques et des œuvres de Shakespeare, notamment Macbeth. Le langage de la pièce est si
grossier, les personnages sont si égoïstes, et l’histoire est si absurde,
violente, et irrévérente que quand elle a été présentée pour la première fois,
elle a provoqué une émeute parmi les personnes du public de Paris et toutes les
représentations ont été annulées. Après, Jarry a fait jouer la pièce avec des
marionnettes, et on peut voir que Averty était inspiré par ce fait dans les
scènes qui se déroulent dans le palais. Jean-Christophe Averty, réalisateur
français, est lui-même pionnier dans son art, ayant été un des premiers qui
jouait avec l’art vidéo, ce qui est clair dans sa mise en scène d’ Ubu Roi, qui a été réalisée en 1965. Il semble qu’il aime bien Père Ubu et
Alfred Jarry ; il a réalisé Ubu
enchaîné et Ubu cocu plus tard
dans sa vie.
L’histoire
se déroule dans une version imaginaire de la Pologne, où le Père Ubu, un homme
gros, avare, et stupide, devient le roi. Il y est poussé par sa femme, Mère
Ubu, qui est plus avare et plus intelligente que lui. Avec l’aide du capitaine
Bordure, ils tuent le roi et toute sa famille—sauf Bourgrelas, le plus jeune fils,
qui veut bien se venger du Père Ubu. Ubu tue tous les nobles, magistrats, et
financiers ; il met en place des impôts impossibles, et il essaie de les
recueillir lui-même, alors il reçoit le sobriquet de « Ministre des
Finances. » Il y a enfin une guerre entre les Polonais et les Russes, qui
viennent en aide à Bougrelas. Le chaos suit.
Père
Ubu et Mère Ubu ont une relation particulière. Leur mots ne sont presque jamais
gentils ; ils s’appellent souvent « idiote » ou
« laide, » et Mère Ubu utilise Père Ubu comme un outil pour réaliser
son rêve, à savoir être la reine de Pologne. Elle lui vole de l’argent, et tous
les deux se comportent en général comme de vrais égoïstes. Ils sont les deux personnages les plus
importants de la pièce, et leur relation est la plus importante de la pièce,
alors la première scène est bien importante parce qu’elle doit les présenter.
On
commence avec le mot « merdre, » un mot préféré de Père Ubu et une
des causes de l’émeute à Paris. Pour montrer que ce mot « merdre, »
qui montre l’absurdité et la grossièreté de la personnage et de la pièce, est
important, le metteur-en-scène commence en remplaçant le personnage de Père Ubu
avec des lettres écrivant « merdre » quand il ne parle pas. Mère Ubu,
elle aussi aime le mot « merdre » mais aucun mot ne la remplace, et
cela montre que Père Ubu est une caricature dont la tête est pleine de bêtises
pendant que Mère Ubu est plus réaliste et a plus d’idées. Cela s’observe aussi
dans les costumes des personnages : Mère Ubu a du maquillage exagéré, qui
montre qu’elle aussi est un peu irréaliste, mais Père Ubu porte un costume qui
reproduit parfaitement un dessin de son personnage qui a été dessiné par Alfred
Jarry lui-même. Du fait que le film soit en noir et blanc, il semble que tout
soit extrême dans cette interprétation de l’œuvre. Après cette première
présentation des personnages, Averty montre leur badinage en faisant lever
celui qui parle et baisser celui qui ne parle pas, et en mettant une chandelle
verte, symbole de la famille Ubu, entre les deux, symbolisant que ce genre de
conversation est normale pour ce couple. Dès que Mère Ubu commence à encourager
Père Ubu à massacrer le roi et sa famille, elle apparaît plus petite que son
mari—pas parce qu’elle a moins de pouvoir, pas du tout, mais parce qu’elle se
manifeste comme un ange ou un diable sur ses épaules, chuchotant dans ses
oreilles et mettant des idées dans sa tête. Enfin, quand Père Ubu cède à la
tentation, il est encerclé par des manifestations de Mère Ubu, et on peut
comprendre qu’il ne peut pas échapper à son influence. Mais juste après, quand
il change d’avis, il est montré comme extrêmement petit en comparaison de Mère
Ubu, et elle le tient et le manipule comme un jouet en papier. Quand il parle,
il la défie, et il n’est plus un jouet en papier, mais Mère Ubu reste bien plus
grande que lui, et dès qu’il disparaît, elle révèle qu’elle est sûre d’être la
reine de Pologne en huit jours.
Moi,
j’aime bien cette mise en scène. Le décor est minimaliste, et les costumes et
le jeu des acteurs sont tous les deux exagérés, et alors le public fait
attention aux personnages, qui sont des grandes caricatures ridicules, alors
que l’endroit et le temps ne sont pas vraiment importants. Je trouve très
amusant le jeu de la Mère Ubu, qui réprimande et manipule avec de grandes
gestes et un accent très drôle. Avec tous les aspects irréalistes, la scène
ressemble à un rêve, un dessin, ou du théâtre de marionnettes, et Ubu Roi est
peut-être tous les trois en même temps. La mise en scène est fidèle à
l’absurdité de la pièce, et je trouve que c’est bien logique de raconter cette
histoire d’une façon bizarre.